Blackwater Hang-octopus Hawaii
Parfois, je parviens à sortir de moi-même, à me défaire de tout. Plus rien ne me fait de la peine,
je n’occupe déjà plus ce trou où s’engouffre la haine, le dégoût.
Je me défais de ces vêtements, des phrases qui pèsent sur mes pas.
J’échange mes bras contre des tentacules, mes jambes contre un ventre, ma tête je me la garde.
Je nage laide et géante, j’ombrage les eaux bleues et transparentes.
Je rentre dans les failles, je veille, jamais plus je ne tremble. Je n’ai plus de squelette et il semble que je ressemble aux anges.
Je m’évade, je vole, je nage,
je ne suis plus qu’un nuage, une ombre ondulante, une vibration musicale. Je suis la voix de cristal qui vous manque,
la mer me sert de voile, vos rochers pour me cacher.
Si vous voulez me capturer, m’étrangler et me brouiller la vie par vos principes,
je laisse couler mon encre dans votre cœur, cette pierre devient lourde et vous pèse.
Votre propre sang vous empoisonne. Qu’allez-vous donc faire de tout ce que vous n’avez pas su donner ?
Le laisser pourrir au fond de vous-même en espérant que cela vous ouvre un paradis,
les portes des temples que vous avez vous-même incendiés et détruits ?
Il ne vous reste plus qu’à me montrer du doigt
mais la laideur que vous pointez est celle de cette grossière araignée qui se balance au dessus de
votre tête : la mort s’est mise à tricoter, votre vieillesse sera belle.