Parfois je ne me sens plus que comme une morsure. Cette chose étroite qui me brûle la peau et se laisse longtemps auréoler au travers de mon corps pour devenir bleue, violette et jaune. Sa trace ne part pas facilement, il faut du temps. Abandonner l’ivresse, prendre conscience de l’absurdité de cette faiblesse, ma faiblesse. Il me faut constater qu’alors que j’en garde encore la trace illuminée dans le ventre, le monde a continué d’oublier et se moque férocement de cette illumination.
Parfois, je me sais être presque plus rien. Jusqu’à l’abrutissement. J’escalade des versants rocheux, sans prendre de marques, sans prendre de l’assurance, sans avoir de tentacules aussi puissantes que les vôtres, et de crocs et d’épines. En haut, il ne me reste plus rien. Rien qu’une morsure de serpent dans la tête. Et ce venin qui se répand dans mes veines. Votre venin.
Parfois, je voudrais vous vomir. Vous rendre votre nausée mais j’aime trop vous amuser et me moquer de moi et m’éblouir comme les noyés.