Je marche sur des tapis de murmures, je n’entends plus que le questionnements des vagues. Je sens leurs gestes brutaux effacer tout espoir. Le vent venu de la mer me sculpte un autre visage. Je reconnais le goût des larmes. J’apprends à repérer les courants qui vous mènent vers le large sans éprouver de remord. J’attends que les marées se soient lassées d’être abandonnées. Le sable engloutit mes pieds, plus loin, la plage montre ses dents, exhibe son ventre creux et sa faim.
Un jour, le ciel et ses cortèges de nuages se sont laissés surprendre par ses pièges. Il leur fut impossible cette fois là, d’aller menacer l’horizon. Pour se venger, ils mangèrent deux marées.
Je m’avance, l’eau glacée grimpe jusqu’à ma taille sans me faire mal. J’ai décidé de me jeter dans ses flammes. La mer crépite comme un incendie, elle me brûle la peau mais s’arrête là lorsqu’elle voit qu’à l’intérieur de moi, il n’y a plus rien. Tout est dissipé, dissolu, rogné. Il fait si noir que ses vagues se prennent à encourager ma nage, à caresser mes gestes, à se laisser couler entre mes mains comme un or fin.
Pour brasser le limon noir qui gît au fond de moi, je suis toujours seul. Pour brasser le ciel, il y a elle.