Je creuse mon alvéole. Dans l’immense malformation du monde, dans son livre incongru, je creuse des veines comme les vers. Je dissèque ou je digère. Je tente de laisser place à mon écriture, je déglutis. Mes affirmations sont poreuses. Mon espoir est provisoire. Il semblerait que j’occupe la même place que la poudre qu’on nous jette parfois au visage, pour éblouir ou faire diversion.
Pourtant, je continue à exposer mes doutes, à briser la fragile structure de mes phrases. À vouloir une miette, à mordre la poussière que nous laisse le soleil.
Au milieu de tout ce que l’on place en bout de table, il y a mon esprit qui semble me dire : ce n’est pas encore fini.
J’occupe un bout de presque rien et cela me suffit. Je n’ai pas d’autre ambition que celle de jouir des idées occupées à créer l’harmonie dans les plus belles phrases. Je n’ai pas besoin de signifier quelque chose, si c’est pour être obligé de jouer dans le cirque du convenu. Je ne peux plus être une pièce édentée de la toute puissante machinerie des prédispositions, du préjugé et de l’advenu. Je veux juste me promener librement dans les jardins dont les parfums enveloppent mon âme de leurs volutes onctueuses. Je n’offrirai à personne la possibilité de dessiner le plan et la route de mes galeries sous-terraines ou de mes veines qui profilent à fleur de peau, l’histoire de mes horizons. Inlassablement, je creuse et se faisant, je me disloque. Je me perds. J’offre une place à mon vide dans une petite bulle de verre.
Je voudrais préserver une sélection arrangée d’une harmonie quelconque, me soustraire à la prétention de juger l’autre et ses manières. Je voudrais au bout du compte, habiter une seconde. Me napper de rêves et Être au bout de nulle part.
…tant que vous continuez à nous jeter de cette belle poudre aux yeux-là !