
On dit de moi que je porte une coquille de porcelaine sur le dos. Que je regarde le monde au travers d’un prisme irisant les choses d’une lueur qu’elles n’ont pas. Véritablement.
Quoi ? Faudrait-il que je passe à table et me serve d’un couteau pour montrer de sa pointe ce qui ne serait pas bon ? Faut-il être coupant pour être aimé et servir? Ne peut-on pas décider d’être fragile, d’avancer en ne suivant pas d’autres pas ?
Mon cœur galope comme le vôtre, ma tête s’affole pour les mêmes Beautés, ma respiration se soulève de la même manière que les marées et ma folie se fracasse contre les mêmes rochers. Je n’ai pas la prétention de parler votre langue, de m’asseoir derrière les mêmes falaises, de conter la vérité au moyen des pièces d’or contenues dans mes poches, dans les banques de données de mon unique encéphale.
Je vole, je tourbillonne, je m’appose des peintures tribales pour faire peur au mal. Je voudrais être un cerf mais ne suis qu’un cheval, une larme au lieu d’être un bocal. Mais toi, si tu le veux, tu peux, poser tes lèvres sur la fraîcheur qui survole les miennes, observer mes secrets qui dansent comme les flammes et entendre mon tout petit soupir lorsque j’ai trop ri de toi.
Alain Hurlet