ce poème est comme ce vase
moi
tombé brisé
défait de son ancienne unité
épars le poème
sa seule unité est le bris
a-t-il seulement un jour été
entre mes mains
contenu quelque
chose qui se compare au néant
Sa petite fourrure noire sent la cendre et le sous-bois, contient en elle un incendie éteint. La pierre volcanique légère aux reflets d’argent pousse un roucoulement rose, un miaulement de petite fleur et puis se présente à cette nouvelle journée en trois bonds, de l’extérieur à l’intérieur de la maison.
Chaque seconde est un recommencement pour un être tel que lui. La nuit est sa pupille. La lumière la mange et la transforme en filament vert sombre au centre d’une nébuleuse orange.
L’animal a faim et il faut le nourrir afin qu’il cesse de vous poursuivre. Des frôlements ou des feulements, il faut mieux choisir les premiers et récompenser les effleurements ronronnants.
Il mange pendant que tombe goutte à goutte dans la carafe transparente, chaude et odorante, la matière noire sous sa forme liquide et tonifiante. Le breuvage est prêt mais sa saveur la plus étrange a déjà rejoint le jardin en silence.
Effondrement de Moi
au sein de cette étoile sociétale
épuisement de la lumière suffocation de la matière
éparpillement d’éclats de verre
bruissement de brume grincement de poussières
assombrissement du néant
et toi titubant à la recherche du mot totalitaire
qui ne mentira pas sur ton état
mental et solitaire
Une fleur soupire
le papillon s’évapore
de l’arbre s’égoutte un oiseau
une feuille s’extirpe d’un essaim
et le choeur se soulève comme la vague
s’éternise dans le crescendo des voix
cherche l’exclamation jusqu’à ce point de non retour
le poirier ploie
le sentier s’en va
et toi tu te retournes
pour me voir
poser ton regard sur ce départ de colline
rougeoyante tel un incendie
Seulement le ciel
Qui ne porte pas de nom
Mais que porte la mer en elle
Seulement le silence immobile
La nuance
La longue histoire de la langue
Qui ne porte en elle pas de nom
Mais que porte le symbole
L’objet et son âme l’haleine
Passe de brume à nuage
De nuage à colline à ruisseau à cheval
À l’horizon une nouvelle aube
La nuit dénudée la lune sortie de sa bogue
Verte
Ton pas
Accordé à celui de la forêt
Ton souffle comme une frondaison froide d’ombres
Et moi
Qui tente d’inscrire cet instant au patrimoine mondial de ma mémoire
À chaque fois que je croise l’odeur du pin dans un nid d’aiguilles
Ses fleurs qui éparpillent pollens et grains de sable saharien
Regard humide et noir d’un rongeur qui ne peut plus choisir de fuir
Simplement toi blotti aux pieds d’un immense incendie
Parmi les petites ombres qui dansent comme des flammes
quelques sonorités réduites en cendres
quelques mots halos imprimés sur la rétine
persistent
Plus loin
quelque part sur l’écorce d’un pin
une cigale redistribue au goutte à goutte l’azur évaporé
Loin, très loin le vrombissement de la guêpe s’interrompt
le temps infime
de prendre soin de l’autre qui assurément partage le même nid
La montagne ouvre sa gueule
le félin baille
le nuage qui frôlait la vague
a disparu
mon regard ne se souvient que de brûlures
le rythme de mon coeur s’accorde à celui d’un incendie
dont tout le monde dit que c’est un désastre
indifférent l’arbre qui ne peut fuir
la glycine qui a choisi malgré des milliers d’années d’évolutions de ne jamais apprendre à voler tout en maitrisant l’art parfait de la légèreté
?
Dans le ciel
la lumière dévorée
par un ptérodactyle
Le soleil écarte le moindre doute
île ton épaule nue
silence sur les lèvres
à la commissure simplement
la mer
Une Graminée
gravit le souffle frais
du vent avant l’orage
l’ombrageux va agitant l’encolure
et des oliviers le plumage vert argent
à l’appel langoureux
de la tourterelle éternellement
seule et assoiffée de ciel
un soleil solitaire sème
nuages
particules safranées
et ce qu’on retient des vagues
quand elles se sont dissipées
et qu’on se dit
ce grain de sable sous le regard
finalement
ce n’est pas si grave