Arborescent

à Bertrand

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tu n’as pas encore rendu les feuilles comme on rend les armes

c’est que tu entends la pluie raisonner en toi

la toile de cette lumineuse araignée

tu ne peux empêcher ton âme de gonfler ses voiles 

même si grince l’écorce de ton tronc tu te prononces 

en tellement de syllabes fluviales 

ta voix rauque au bord des larmes chante que

depuis un temps lointain depuis presque toujours

tu es perdu

tu as peur

tu as honte

de ses ombres si peu sauvages

dans lesquelles jamais tu ne reconnais un regard

un seul mot lent trop lent reste seul à ta portée

dans ce monde qui te presse de perdre