
L’olivier déverse dans le jardin une ombre qu’on pourrait presque boire
il ne reste qu’
une clôture à franchir
il n’est pas un chacal doré
il n’est qu’un renard roux assoiffé
attiré par cette odeur de vase
de désespoir
de mort et d’aile d’abeille transparente
il a le ventre sec et mangerait n’importe quoi
voilà qu’il rogne un tendre galet après lui avoir arraché les pattes et la tête
il songe au sang
il n’y a plus de carapace
à peine un bruit sec de bois lavé par le soleil
pas de moelle pas de sève ni de ruisseau à poursuivre
il entend encore en lui les cris et la détresse de sa colline ses bosquets cent cinquante lentisques et tellement de troupeaux de myrtes et de lavandes odorantes
broyés mécaniquement et sans le moindre questionnement
par les mâchoires métalliques d’engins de chantier
le bruit de la botte l’odeur dans la poussière de la roche flamboyante réduite en gravier
l’assourdissant souvenir des corps qui se bousculent dans la fosse
commune sans pouvoir s’échapper ni même pousser le dernier soupir
Avant de disparaitre n’a-t-il pas le droit lui l’animal sauvage de questionner
la paix et cet affreux semblant de silence?