
C’est un pays où la lumière ne vient que pour marquer les plis des feuilles recroquevillées et signer les chemins d’un filet si fin que l’on dirait les rides faites aux ondes. C’est le pays où tu apprivoises les questions sans réponses, les chevaux sauvages, l’évaporation de leur crinière dans l’espace, le temps qui ne fait que déborder du vase le contenant. C’est là, tu caresses du regard le vent avant qu’il ne devienne une tornade ou ne résorbe ce qu’il te reste de force. C’est l’endroit à fleur de peau, où tu t’efforces de traduire, de polir les paroles qui grésillent dans cette autre langue que personne ne comprends. Toi, seul, tu vas escalader les pays inviolés de la solitude, aucune crevasse ne connait pas la forme de tes doigts, aucune galerie n’ignore la lueur de ce regard qui t’accompagne comme une ombre fidèle. Tu reviens les bras et l’âme chargés de cartes précisant les voies, contournant les impasses. Ton coeur devenu astrolabe, tu espères vaguement qu’il dicte la mesure des lunes et des étoiles, murmure presqu’inaudible aux foules qui te regardent comme un animal étrange et de mauvaise augure.