
À l’encre qui perle à la pointe du pinceau, il ordonne un pas à peine plus lourd que celui de l’insecte qui se pose à la frontière du ciel, sur l’onde discrète d’un lac.
Face à la blancheur de la feuille, c’est ce qu’il nomme la pudeur. Sa propre réserve imprime toute son hésitation au caractère qui lui donnerait un nom dans le désordre du feuillage d’un buisson.
Il s’avance comme on marche sur la neige, en s’imprégnant de cette matière qui bruit comme une étoffe mais est toujours sur le point de fondre.
Avides les veines et les fibres s’abreuvent de ce qui décrit la nuit pour lui opposer le jour.
L’encre sève et sang aveuglé gagne en gaité.
Sur le papier, on peut désormais lire dans la courbe d’un tronc, le rêve d’une irisation de toutes les frontières.
On y verrait presque une certitude ou son fantôme.
La vie capturée pour une éternité dans cet instant du jour où elle hésite à ne plus être totalement sauvage.