À ta place, la cigale

Sur ta chaise, une cigale silencieuse se moque de moi. J’ai peur que ses sœurs tziganes s’asseyent en faisant grincer les pieds des chaises comme quelques vieux instruments de musique désaccordés.

Le soleil s’étale sous les acacias à la manière d’un fauve qui attend que la chaleur lui fasse un peu de place pour la chasse. L’orchestre caché dans les feuillages et qui serait prêt à faire chavirer l’été ne fera pas le poids si tu n’es plus là pour le guider.

Sur ta chaise l’insecte se délecte de mes craintes. J’agrippe aussi fort que je le peux quelques bourgeons gorgés de suc. Au creux de ma main, la poudre d’or ressemble à celle que l’on trouve sur les paupières quand le sommeil appareille son grand voilier pour le ciel.

Un fantôme se tient debout près de la table, ses mains épousent les mêmes teintes rosées que les tiennes. Je ne comprends pas pourquoi, il tient tellement à imiter ta voix.

La cigale assise à ta place a gommé les moments inutiles de la vie dans lesquels tu ne figures pas. Les mimosas grimpent dans le ciel par grappes odorantes, de petits fleurs jaunes et rieuses se prennent pour des étoiles. Ce sont elles qui attellent la Méditerranée bleue à la nue, au soleil.

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