En partant de la cime de moi-même et passant par mon visage, mon torse, mon ventre, une faille me lézarde et fendille joliment mon sexe. D’un côté de la frontière qui me parcourt comme une rivière, je suis garçon, de l’autre côté, je suis fille et en mon cœur, c’est difficile à déterminer. Je vagabonde, j’hésite, j’oscille le long de cette chaîne rocheuse enneigée. J’aimerais ne pas devoir toujours choisir. J’aimerais porter un prénom qui ne me dise pas non et me laisser bercer par ma binarité.
Parfois aux confins de moi-même, je redécouvre un résidu du temps où je ne formais qu’un, du temps où mon genre n’avait pour centre pas encore l’Homme. Petit ballon flottant dans le vide comme dans un liquide, une croix noire ne barrait pas le passage à mes voyages, aucune plage ne faisait mourir mes vagues.
C’est de cette île résiduelle que je pars pour oser poser mes regards au delà de la déchirure, c’est de ce point comme un nombril que je me lance vers l’être humain mâle ou femelle comme si enfin je pouvais être consolé d’être bancale. Mais il arrive toujours hélas cet instant où le silence comme un lâche me remet face à mon doute insoluble comme si il était encore possible de redistribuer les cartes. Il vient toujours quelqu’un pour poser cette question dont je ne connais pas la réponse : « mais qui es-tu ? »
!!! Voilai qui est d’une limpidité fulgurante.
Si le »moi » n’est pas trop différent du »je » littéraire alors ce texte est sans doute une des clefs de votre écriture si particulière et talentueuse, du moins c’est mon petit avis.
le « moi » ne semble pas avoir envie de se dévoiler – alors je respecte et ne veux voir que la qualité des textes. Le reste est strictement personnel, il me semble.