Photographie de François Marquet.
Je me suis allongée sur le lit. La peur en se mélangeant à mon envie me rend ivre. Je suis défaite de presque tous mes vêtements mais c’est son regard qui en se posant sur mes seins si simples me dénude. Sa main chaude et veloutée est remontée infiniment lentement le long de mes jambes. Elle a fait rouler jusqu’à mes pieds, comme une poignée de petits cailloux les frêles dentelles qui entravaient l’accès à la fleur de mon sexe.
Mes bras comme des racines s’agrippent aux draps, je ne sais pas s’il me faut le retenir ou l’enlacer. Si mon étreinte influencera d’une quelconque manière sa progression. Je la désire avidement. Sa bouche se pose en tous les points que lui tend ma nudité. Je frissonne lorsque son sexe effleure à peine le mien. Des baisers se réfugient dans mon cou, son oreille frôle ma bouche. Je lui susurre de m’embrasser avec violence et puis très doucement mes doigts se perdent dans la soie de ses cheveux. Lorsque nos deux langues se touchent et se nouent, il rentre complètement en moi.
Soudain, je suis plus légère qu’une respiration, plus souple et malléable que ses caresses, plus limpide que son désir. Mes veines se gonflent de son sang, ma chair se gorge de la sienne, ma pupille brille dans son œil. Mon plaisir surgit dans ses morsures, s’enroule, oscille, grandit et ondoie infiniment en suivant ses rythmes et ses passions. Je ne suis plus moi-même. Je le suis non pas comme le ferait une ombre, comme le ferait un souvenir ou un regret, non, je suis sa propre chanson, les tremblements de sa voix, ses divagations. Je suis ses temps morts et ses sursauts plein de vie. Comme une île que des vagues caressent, mon corps peu à peu apparaît sous ses coups de maître, coulé dans la lumière. Il ne m’est plus d’aucun intérêt d’appréhender des limites. Elles sont comme si elles avaient cessé d’exister ailleurs que dans notre sueur, une rosée qui perle et nous fait confondre nos cœurs.