Elles sautillent
comme des puces
tous les matins
dans le creux de la main.
Il faut que j’en prenne 3
et pour prolonger leurs effets jusqu’à la fin du jour, il faudrait que j’en prenne une autre à midi
mais je l’oublie.
Le plus souvent, volontairement.
Le taux de dopamine adore jouer à l’élastique dans mon cerveau et se payer ma tête.
Une étincelle suffit à tout éteindre ou à tout faire exploser.
C’est difficile à croire que ces petites pustules blanches aient un tel pouvoir : contrôler mon humeur.
Elles ne m’amusent pas.
J’ai bien vite fait de m’échouer si je ne les prends pas un jour ou deux.
Petites puces savantes,
actrices principales d’un spectacle machinal absurde et parfois grotesque. J’ai honte qu’un truc pareil me serve de béquille alors que tant d’autres si facilement brillent.
Trois minuscules boutons blancs de 25mg chacun, portant un nom chimique impossible à prononcer me maintiennent à flot.
Désormais mon bateau vogue sans faire de projet, sans gouvernail. Je ne suis même plus capable d’organiser le moindre voyage, d’adopter les structures souples qu’attend de moi le quotidien. Parfois, je hausse les épaules et les avale d’un geste presque brutal et je m’en fiche.
Parfois, je me dis et si je les avais prises un peu plus tôt, dès mes premiers cris et premières pleures, serais-je encore ainsi aujourd’hui?
Je ne pourrai jamais le savoir.
Peut-on vraiment savoir l’impact réel d’aussi petites choses ?