Les vagues comme des collines de cristal. Je suis au sommet de l’une d’elle et je sais que quand elle se jettera à l’assaut du continent, elle se brisera. Le ciel ouaté de nuages n’empêchera pas les milles éclats. Le soleil pupille dilatée du jour, ne prononcera même pas un Oh ! Ne tentera jamais de sauver aucune d’entre elles : les vagues sont faites pour mourir quelles que soient leur conquête, malgré les dentelles et la mousse. Au delà de leur rage, elles meurent sous les applaudissements du vent quand il assiste à cette corrida silencieuse.
Comment ne pourrais-je pas entendre leur désespoir et la chanson de leurs cris ? Comment ne pourrais-je pas comprendre que quel que soit l’effort, la chute compte tellement plus fort. En moi comme ces courants inéluctables qui surgissent des profondeurs inconnues et aveugles. Je ne puis m’enfuir vers le large, construire une île, habiter le ciel. Je ne puis être qu’une ondulation, un mouvement, un geste tenu par un fil aussi fin qu’un cheveu ! Je puis être à peine ce pli sur le visage de la lune lorsqu’elle est pleine. Je me suis défait de tout même du présent hasardeux des lettres de mon prénom. La mer comme un précieux coffret de dragées, il faut être fou pour croire qu’on puisse s’en faire un collier.