Dans ce jardin au fond de toi, le silence déploie ses pétales, étale sa corolle. Petit à petit, il se met à onduler, à gonfler ou à rétrécir. Comme la fumée indomptable de l’incendie, ta faim s’aiguise et s’échappe. Elle dépose ses couleurs sur les branches et les troncs, sur les herbes. Elle ploie et dessine les feuilles. Elle réinvente les contours du monde, accorde des parfums. La faim te force à partir à la conquête de la vie.
En toi, le silence a pris de l’ampleur, il culmine en étant devenu la fleur où le fruit se devine. Il décline sa fantaisie en construisant des chapelles aux volutes et à l’exubérance. Il murmure à l’oreille joyeusement comme ces petits torrents remplis d’innocence. Le silence n’a plus rien du vide, il est la construction en dentelle de l’univers. Il ne se lasse d’élire ce que tu lui donnes. En toi désormais résonne la musique.
La musique est la traduction des mouvements du monde. Elle est la procession amusée du temps, elle est le musée du regard et devient le temple du souvenir où tous les sens semblent se réunir.