La nuit galope souplement dans le jardin, la lune agite les buissons en leur promettant de fabuleux bourgeons. En fermant les yeux, je ne découvre pas le sommeil. Les portes de mon âme ne s’entrouvrent pas pourtant j’acquiers une conscience de la consistance de ma personne.
Je suis une ligne jusqu’à ce qu’elle disparaisse comme un chemin tout en bas d’une page. Je suis une phrase jusqu’à son point sans avoir à la retranscrire ou à la traduire. Je deviens ce temps d’arrêt en suspendant ma respiration. Un instant, je ne suis plus rien. Au bord de la nouvelle phrase, un lichen doux tant il est vert où poser un pied, je suis lasse de planter des significations.
J’aperçois que je suis le point d’une broderie et que si je multiplie mes sourires, mes pas, mes tremblements des doigts, je deviendrai un tapis de soie musical. Un buisson enflammé de fleurs à la tombée du jour, un palais de senteurs pour les dédales de mes souvenirs.
J’aimerais bien en rester là.